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CORINNE OU L’ITALIE

ment ; il y remarquait, dans chaque détail, un mélange heureux de tout ce qu’il y a de plus agréable dans les trois nations française, anglaise et italienne ; le goût de la société, l’amour des lettres, et le sentiment des beaux arts.

Corinne enfin parut ; elle était vêtue sans aucune recherche, mais toujours pittoresquement. Elle avait dans ses cheveux des camées antiques, et portait à son cou un collier de corail. Sa politesse était noble et facile ; en la voyant ainsi familièrement au milieu du cercle de ses amis, on retrouvait en elle la divinité du Capitole, bien qu’elle fût parfaitement simple et naturelle en tout. Elle salua d’abord le comte d’Erfeuil, en regardant Oswald, et puis, comme si elle se fût repentie de cette espèce de fausseté, elle s’avança vers Oswald ; et l’on put remarquer qu’en l’appelant lord Nelvil, ce nom semblait produire un effet singulier sur elle, et deux fois elle le répéta d’une voix émue, comme s’il lui retraçait de touchans souvenirs.

Enfin, elle dit en italien a lord Nelvil quelques mots pleins de grâce sur l’obligeance qu’il lui avait témoignée la veille en relevant sa couronne. Oswald lui répondit en cherchant à lui exprimer l’admiration qu’elle lui avait inspirée,