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CORINNE OU L’ITALIE.

Qui pourrait se ravir la jouissance suprême de faire du bien à une ame telle que la vôtre ! Hélas ! c’est déjà beaucoup que de se sentir nécessaire au plus humble des mortels ; mais être nécessaire à Corinne, croyez-moi, c’est trop de gloire, c’est trop de délices pour y renoncer. — Je crois à vos promesses, répondit Corinne ; mais n’y a-t-il pas des momens où quelque chose de violent et de bizarre s’empare du cœur et accélère ses battemens avec une agitation douloureuse ? —

Ils traversèrent la grotte de Pausilipe aux flambeaux : on la passe ainsi, même à l’heure de midi, car c’est une route creusée sous la montagne pendant près d’un quart de lieue, et lorsqu’on est au milieu, l’on aperçoit à peine le jour aux deux extrémités. Un retentissement extraordinaire se fait entendre sous cette longue voûte ; les pas des chevaux, les cris de leurs conducteurs, font un bruit étourdissant qui ne laisse dans la tête aucune pensée suivie. Les chevaux de Corinne traînaient sa voiture avec une étonnante rapidité, et cependant elle n’était pas encore contente de leur vitesse, et disait à lord Nelvil : — Mon cher Oswald, comme ils avancent lentement ! faites donc qu’ils se pressent. — D’où vous vient cette impatience, Corinne, répondit Oswald ? autre-