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CORINNE OU L’ITALIE.

la nature semblait se plaire à la parer. Corinne cependant fut tout à coup saisie par un attendrissement irrésistible : elle considéra ces lieux enchanteurs, cette soirée enivrante, Oswald qui était là, qui n’y serait peut-être pas toujours, et des larmes coulèrent de ses yeux. Le peuple même qui venait de l’applaudir avec tant de bruit respectait son émotion, et tous attendaient en silence que ses paroles fissent partager ce qu’elle éprouvait. Elle préluda quelque temps sur sa lyre, et ne divisant plus son chant en octaves, elle s’abandonna dans ses vers à un mouvement non interrompu.


« Quelques souvenirs du cœur, quelques noms de femmes, réclament aussi vos pleurs. C’est à Misène, dans le lieu même où nous sommes, que la veuve de Pompée, Cornélie, conserva jusqu’à la mort son noble deuil, Agrippine pleura long-temps Germanicus sur ces bords. Un jour, le même assassin qui lui ravit son époux la trouva digne de le suivre. L’île de Nisida fut témoin des adieux de Brutus et de Porcie.

Ainsi les femmes amies des héros ont vu périr l’objet qu’elles avaient adoré, C’est