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CORINNE OU L’ITALIE.

encore fraîches et brillantes, mais qu’un point noir causé par une piqûre mortelle menace d’une fin prochaine.

Toute la société s’embarqua pour retourner à Naples ; et la chaleur et le calme qui régnaient alors faisaient goûter vivement le plaisir d’être sur la mer. Goethe a peint, dans une délicieuse romance, ce penchant que l’on éprouve pour les eaux, au milieu de la chaleur. La nymphe du fleuve vante au pêcheur le charme de ses flots : elle l’invite à s’y rafraîchir, et séduit par degrés, enfin il s’y précipite. Cette puissance magique de l’onde ressemble, en quelque manière, au regard du serpent qui attire en effrayant. La vague qui s’élève de loin et se grossit par degrés, et se hâte en approchant du rivage, semble correspondre avec un désir secret du cœur, qui commence doucement et devient irrésistible.

Corinne était plus calme ; les délices du beau temps rassuraient son ame ; elle avait relevé les tresses de ses cheveux pour mieux sentir ce qu’il pouvait y avoir d’air autour d’elle ; sa figure était ainsi plus charmante que jamais. Les instrumens à vent qui suivaient dans une autre barque produisaient un effet enchanteur : ils étaient en harmonie avec la mer,