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CORINNE OU L’ITALIE.

elle n’avait plus que quelques pas à faire pour arriver au palais du roi, sous les portiques duquel elle aurait trouvé de l’ombre et de l’eau pour se rafraîchir. Mais ses forces lui manquaient ; elle essayait en vain de marcher, elle ne voyait plus sa route ; un vertige la lui cachait, et lui faisait apparaître mille lumières, plus vives encore que celles même du jour ; et tout à coup succédait à ces lumières un nuage qui l’environnait d’une obscurité sans fraîcheur. Une soif ardente la dévorait ; elle rencontra un Lazzaroni, l’unique créature humaine qui pût braver en ce moment la puissance du climat, et elle le pria d’aller lui chercher un peu d’eau ; mais cet homme, en voyant seule sur le chemin, à cette heure, une femme si remarquable, et par sa beauté, et par l’élégance de ses vêtemens, ne douta pas qu’elle ne fût folle, et s’éloigna d’elle avec terreur.

Heureusement Oswald revenait sur ses pas à cet instant, et quelques accens de Corinne frappèrent de loin son oreille ; hors de lui-même, il courut vers elle, et la reçut dans ses bras, comme elle tombait sans connaissance ; il la porta ainsi sous le portique du palais de Portici, et la rappela à la vie par ses soins et sa tendresse. Dès qu’elle le reconnut, elle lui dit, encore