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CORINNE OU L’ITALIE.

le dit pas. Leur situation n’était plus simple comme autrefois ; il n’y avait pas encore entre eux de la dissimulation, et néanmoins Corinne proposait ce qu’elle eût souhaité qu’Oswald refusât, et le trouble s’était mis dans une affection qui, pendant six mois, leur avait donné chaque jour un bonheur presque sans mélange.

En retournant par Capoue et par Gaëte, en revoyant ces mémés lieux qu’elle avait traversés peu de temps auparavant avec tant de délices, Corinne ressentait un amer souvenir. Cette nature si belle, qui maintenant l’appelait en vain au bonheur, redoublait encore sa tristesse. Quand ce beau ciel ne dissipe pas la douleur, son expression riante fait souffrir encore plus par le contraste. Ils arrivèrent à Terracine, le soir, par une fraîcheur délicieuse, et la même mer brisait ses flots contre le même rocher. Corinne disparut après le souper ; Oswald, ne la voyant pas revenir, sortit inquiet, et son cœur, comme celui de Corinne, le guida vers l’endroit où ils s’étaient reposés en allant à Naples. Il aperçut de loin Corinne, à genoux devant le rocher sur lequel ils s’étaient assis ; et il vit, en regardant la lune qu’elle était couverte d’un nuage, comme il y avait deux mois, à la même