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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE V.


ILS voyageaient au commencement de septembre : le temps était superbe dans la plaine, mais quand ils entrèrent dans les Apennins, ils éprouvèrent la sensation de l’hiver. Ces hautes montagnes troublent souvent la température du climat, et l’on réunit rarement la douceur de l’air au plaisir causé par l’aspect pittoresque des monts élevés. Un soir que Corinne et lord Nelvil étaient tous les deux dans leur voiture, il s’éleva soudain un ouragan terrible, une obscurité profonde les entourait, et les chevaux qui sont si vifs dans ces contrées, qu’il faut les atteler par surprise, les menaient avec une inconcevable rapidité ; ils sentaient l’un et l’autre une douce émotion, en étant ainsi entraînés ensemble. — Ah ! s’écria lord Nelvil, si l’on nous conduisait loin de tout ce que je connais sur la terre, si l’on pouvait gravir les monts, s’élancer dans une autre vie où nous retrouverions mon père qui