ILS voyageaient au commencement de septembre :
le temps était superbe dans la plaine, mais
quand ils entrèrent dans les Apennins, ils éprouvèrent
la sensation de l’hiver. Ces hautes montagnes
troublent souvent la température du climat,
et l’on réunit rarement la douceur de l’air
au plaisir causé par l’aspect pittoresque des
monts élevés. Un soir que Corinne et lord Nelvil
étaient tous les deux dans leur voiture, il s’éleva
soudain un ouragan terrible, une obscurité profonde
les entourait, et les chevaux qui sont si
vifs dans ces contrées, qu’il faut les atteler par
surprise, les menaient avec une inconcevable
rapidité ; ils sentaient l’un et l’autre une douce
émotion, en étant ainsi entraînés ensemble. —
Ah ! s’écria lord Nelvil, si l’on nous conduisait
loin de tout ce que je connais sur la terre, si
l’on pouvait gravir les monts, s’élancer dans une
autre vie où nous retrouverions mon père qui