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CORINNE OU L’ITALIE.

cevait pas dans la voiture. Il pouvait se croire arrivé sur les côtes de l’Angleterre, l’air glacé qu’il respirait ne s’accordait plus avec la belle Italie, cet air ne conseillait pas, comme celui du midi, l’oubli de tout, hors l’amour. Oswald rentra bientôt dans ses réflexions douloureuses, et Corinne, qui connaissait l’inquiète mobilité de son imagination, ne le devina que trop facilement.

Le lendemain ils arrivèrent à Notre-Dame de Lorette, qui est placée sur le haut de la montagne, et d’où l’on découvre la mer Adriatique. Pendant que lord Nelvil allait donner quelques ordres pour le voyage, Corinne se rendit à l’église, où l’image de la Vierge est renfermée au milieu du chœur, dans une petite chapelle carrée, revêtue de bas-reliefs assez remarquables. Le pavé de marbre qui environne ce sanctuaire est creusé par les pèlerins qui en ont fait le tour à genoux. Corinne fut attendrie en contemplant ces traces de la prière, et se jetant à genoux aussi sur ce même pavé, qui avait été pressé par un si grand nombre de malheureux, elle implora l’image de la bonté, le symbole de la sensibilité céleste. Oswald trouva Corinne prosternée devant ce temple, et baignée de pleurs. Il ne pouvait comprendre