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CORINNE OU L’ITALIE.

un être angélique, comme le caractère le plus pur et le plus noble qui ait paru sur la terre : ce n’est pas seulement votre charme qui me captive, c’est l’idée que jamais tant de vertus n’ont été réunies dans un même objet ; et votre céleste regard ne vous a été donné que pour les exprimer toutes : loin de moi donc un doute sur vos promesses. Je fuirais à l’aspect de la figure humaine ; elle ne m’inspirerait plus que de la terreur, si lord Nelvil pouvait tromper : mais la séparation livre à tant de hasards, mais ce mot terrible, adieu ! … — Jamais, interrompit-il, jamais Oswald ne peut te dire un dernier adieu que sur son lit de mort. — Et son émotion était si profonde en prononçant ces mots, que Corinne, commençant à craindre l’effet de cette émotion sur sa santé, essaya de se contenir, elle qui était la plus à plaindre.

Ils commencèrent donc à parler de ce cruel départ, des moyens de s’écrire, et de la certitude de se rejoindre. Un an fut le terme fixé pour cette absence. Oswald se croyait sûr que l’expédition ne devait pas durer plus long-temps ; enfin il leur restait encore quelques heures, et Corinne espérait qu’elle aurait de la force. Mais lorsqu’Oswald lui eut dit que la gondole viendrait le prendre à trois heures du matin, et