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CORINNE OU L’ITALIE.

et néanmoins assez douces, venaient de distance en distance ranimer l’intérêt et l’émotion. Les matelots, les officiers, le capitaine, se mettaient plusieurs fois à genoux, surtout à ces mots : — Seigneur faites-nous miséricorde. — (Lord have mercy upon us). Le sabre du capitaine qu’on voyait traîner à côté de lui, pendant qu’il était à genoux, rappelait cette noble réunion de l’humilité devant Dieu et de l’intrépidité contre les hommes, qui rend la dévotion des guerriers si touchante ; et pendant que tous ces braves gens priaient le Dieu des armées, on apercevait la mer à travers les sabords, et quelquefois le bruit léger de ses vagues, alors tranquilles, semblait seulement dire : — vos prières sont entendues. — Le chapelain finit le service par la prière qui est particulière aux marins anglais. Que Dieu, disent-ils, nous fasse la grâce de défendre au dehors notre heureuse constitution, et de retrouver dans nos foyers, au retour, le bonheur domestique ! Oue de beaux sentimens sont réunis dans ces simples paroles ! Les études préalables et continuelles qu’exige la marine, la vie austère d’un vaisseau, en font comme un cloître militaire au milieu des flots, et la régularité des occupations les plus sérieuses n’y est interrompue que par les périls et la mort. Souvent les