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CORINNE OU L’ITALIE.

s’arrêta devant la porte. Corinne à cette vue fit un cri en reculant avec effroi, et tomba dans les bras d’Oswald, en s’écriant : — Les voilà, les voilà ! adieu, partez, c’en est fait. — Oh mon dieu ! dit lord Nelvil, oh mon père ! l’exigez-vous de moi ! et la serrant contre son cœur, il la couvrit de ses larmes. — Partez, lui dit-elle, partez, il le faut. — Faites venir Thérésine, répondit Oswald, je ne puis vous laisser seule ainsi. — Seule, hélas ! dit Corinne, ne le suis-je pas jusqu’à votre retour ! — Je ne puis sortir de cette chambre, s’écria lord Nelvil, non je ne le puis. — Et en prononçant ces paroles, son désespoir était tel, que ses regards et ses vœux appelaient la mort. — Hé bien, dit Corinne, je le donnerai ce signal ; j’irai moi-même ouvrir cette porte, mais accordez-moi quelques instans. — Oh oui ! s’écria lord Nelvil, restons encore ensemble, restons ; ces cruels combats valent encore mieux que cesser de te voir. —

On entendit alors sous les fenêtres de Corinne les bateliers qui appelaient les gens de lord Nelvil ; ils répondirent, et l’un d’eux vint frapper à la porte de Corinne, en annonçant que tout était prêt. — Oui, tout est prêt, répondit Corinne, et s’éloignant d’Oswald, elle alla prier, la tête appuyée contre le portrait de son père.