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CORINNE OU L’ITALIE.

dans l’existence qui convient aux hommes, l’action avec un but. La rêverie est plutôt le partage des femmes, de ces êtres faibles et résignés dès leur naissance : l’homme veut obtenir ce qu’il souhaite, et l’habitude du courage, le sentiment de la force l’irritent contre sa destinée, s’il ne parvient pas à la diriger selon son gré.

Oswald, en arrivant à Londres, retrouva ses amis d’enfance. Il entendit parler cette langue forte et serrée qui semble indiquer bien plus de sentimens encore qu’elle n’en exprime ; il revit ces physionomies sérieuses qui se développent tout à coup quand des affections profondes triomphent de leur réserve habituelle ; il retrouva le plaisir de faire des découvertes dans les cœurs qui se révèlent par degrés aux regards observateurs ; enfin il se sentit dans sa patrie, et ceux qui n’en sont jamais sortis ignorent par combien de liens elle nous est chère. Cependant Oswald ne séparait le souvenir de Corinne d’aucune des impressions qu’il recevait, et comme il se rattachait plus que jamais à l’Angleterre, et se sentait beaucoup d’éloignement pour la quitter de nouveau, toutes ses réflexions le ramenaient à la résolution d’épouser Corinne et de se fixer en Écosse avec elle.

Il était impatient de s’embarquer pour revenir