Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
CORINNE OU L’ITALIE.

plus vite, lorsque l’ordre arriva de suspendre le départ de l’expédition dont son régiment faisait partie ; mais on annonçait en même temps que d’un jour à l’autre ce retard pourrait cesser, et l’incertitude à cet égard était telle qu’aucun officier ne pouvait disposer de quinze jours. Cette situation rendait lord Nelvil très-malheureux. Il soufFrait cruellement d’être séparé de Corinne, et de n’avoir ni le temps ni la liberté nécessaires pour former ou pour suivre aucun plan stable. Il passa six semaines à Londres sans aller dans le monde, uniquement occupé du moment où il pourrait revoir Corinne, et souffrant beaucoup du temps qu’il était obligé de perdre loin d’elle. Enfin il résolut d’employer ces jours d’attente à se rendre dans le Northumberland pour y voir lady Edgermond, et la déterminer à reconnaître authentiquement que Corinne était la fille de lord Edgermond, et que le bruit de sa mort s’était faussement répandu ; ses amis lui montrèrent les papiers publics où l’on avait mis des insinuations très-défavorables sur l’existence de Corinne, et il se sentit un ardent désir de lui rendre et le rang et la considération qui lui étaient dûs.