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CORINNE OU L’ITALIE.

femme qui m’intéressât pût s’y plaire longtemps. — J’y ai pourtant trouvé, répondit lord Nelvil, déjà blessé de cette insinuation, la femme la plus distinguée que j’aie connue en ma vie. — Cela se peut sous les rapports de l’esprit, reprit lady Edgermond ; mais un honnête homme cherche d’autres qualités que celles-là dans la compagne de sa vie. — Et il les trouve aussi, interrompit Oswald avec chaleur. — Il allait continuer et prononcer clairement ce qui n’était qu’indiqué de part et d’autre, mais Lucile entra et s’approcha de l’oreille de sa mère pour lui parler. — Non, ma fille, répondit tout haut lady Edgermond, vous ne pouvez aller chez votre cousine aujourd’hui ; il faut dîner ici avec lord Nelvil. — Lucile, à ces mots, rougit plus vivement encore que dans le jardin, puis s’assit à côté de sa mère, et prit sur la table un ouvrage de broderie dont elle s’occupa, sans jamais lever les yeux, ni se mêler de la conversation.

Lord Nelvil fut presque impatienté de cette conduite : car il était vraisemblable que Lucile n’ignorait pas qu’il avait été question de leur union, et quoique la figure ravissante de Lucile le frappât toujours plus, il se rappela tout ce que Corinne lui avait dit sur l’effet probable de l’éducation