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CORINNE OU L’ITALIE.

— Madame, interrompit Oswald, c’est un sacrifice généreux qu’elle a fait à vos désirs, à votre fille ; elle a craint de vous nuire en conservant votre nom.... — Elle l’a craint, s’écria lady Edgermond, elle sentait donc qu’elle le déshonorait. — C’en est trop, interrompit Oswald avec violence, Corinne Edgermond sera bientôt lady Nelvil ; et nous verrons alors, madame, si vous rougirez de reconnaître en elle la fille de votre époux ! Vous confondez dans les règles vulgaires une personne douée comme aucune femme ne l’a jamais été ; un ange d’esprit et de bonté ; un génie admirable, et néanmoins un caractère sensible et timide ; une imagination sublime, une générosité sans bornes, une personne qui peut avoir eu des torts, parce qu’une supériorité si étonnante ne s’accorde pas toujours avec la vie commune, mais qui possède une ame si belle, qu’elle est au-dessus de ses fautes, et qu’une seule de ses actions ou de ses paroles les efface toutes. Elle honore celui qu’elle choisit pour son protecteur, plus que ne pourrait le faire la reine du monde en se désignant un époux. — Vous pourrez peut-être, mylord, répondit lady Edgermond en faisant effort sur elle-même pour se contenir, accuser les bornes de mon esprit, mais il n’y a rien dans tout ce que vous venez de me