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CORINNE OU L’ITALIE.

reuse. Les occupations de la solitude exigent toutes du calme dans l’esprit, et lorqu’on est agité par l’inquiétude, une distraction forcée, quelqu’importune qu’elle put être, vaudrait mieux que la continuité de la même impression. Si l’on peut deviner comment on arrive à la folie, c’est sûrement lorsqu’une seule pensée s’empare de l’esprit, et ne permet plus à la succession des objets de varier les idées. Corinne était d’ailleurs une personne d’une imagination si vive, qu’elle se consumait elle-même quand ses facultés n’avaient plus d’aliment au dehors.

Quelle vie succédait à celle qu’elle venait de mener pendant près d’une année ! Oswald était auprès d’elle presque tout le jour : il suivait tous ses mouvemens ; il accueillait avidement chacune de ses paroles ; son esprit excitait celui de Corinne. Ce qu’il y avait d’analogie, ce qu’il y avait de différence entre eux, animait également leur entretien ; enfin Corinne voyait sans cesse ce regard si tendre, si doux et si constamment occupé d’elle. Quand la moindre inquiétude la troublait, Oswald prenait sa main, il la serrait contre son cœur, et le calme, et plus que le calme, une espérance vague et délicieuse renaissait dans l’ame de Corinne.Main-