Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
CORINNE OU L’ITALIE.

lui était venue que peut-être, avant de partir, lord Nelvil la conduirait dans ces lieux, et l’y prendrait pour son épouse, à la face du ciel : alors elle se livra tout entière à cette illusion. Elle le vit entrer sous ces portiques, s’approcher de l’autel, et promettre à Dieu, d’aimer toujours Corinne. Elle pensa qu’elle se mettait à genoux devant Oswald, et recevait ainsi la couronne nuptiale. L’orgue qui se faisait entendre dans, l’église, les flambeaux qui l’éclairaient, animaient sa vision ; et, pour un moment, elle ne sentit plus le vide cruel de l’absence, mais cet attendrissement qui remplit l’ame, et fait entendre au fond du cœur la voix de ce qu’on aime. Tout à coup un murmure sombre fixa l’attention de Corinne, et comme elle se retournait, elle aperçut un cercueil qu’on apportait dans l’église. À cet aspect elle chancela, ses yeux se troublèrent, et, depuis cet instant, elle fut convaincue par l’imagination que son sentiment pour Oswald serait la cause de sa mort.