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CORINNE OU L’ITALIE.

il serait parti pour apprendre à Corinne ce qu’il ne pouvait encore se résoudre à lui écrire.

Cependant le ton de ses lettres lut nécessairement altéré. Il ne voulait pas écrire ce qui se passait dans son ame ; mais il ne pouvait plus s’exprimer avec le même abandon. Il avait résolu de cacher à Corinne les obstacles qu’il rencontrait dans le projet de la faire reconnaître, parce qu’il espérait y réussir encore avec le temps, et ne voulait pas l’aigrir inutilement contre sa belle-mère. Divers genres de réticences rendaient ses lettres plus courtes : il les remplissait de sujets étrangers, il ne disait rien sur ses projets futurs ; enfin, une autre que Corinne eut été certaine de ce qui se passait dans le cœur d’Oswald ; mais un sentiment passionné rend à la fois plus pénétrante et plus crédule. Il semble que dans cet état on ne puisse rien voir que d’une manière surnaturelle. On découvre ce qui est caché, et l’on se fait illusion sur ce qui est clair : car l’on est révolté de l’idée que l’on souffre à ce point, sans que rien d’extraordinaire en soit la cause, et qu’un tel désespoir est produit par des circonstances très-simples.

Oswald était très-malheureux, et de sa situation personnelle et de la peine qu’il devait causer à celle qu’il aimait ; et ses lettres exprimaient