Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
CORINNE OU L’ITALIE.

jour fait sentir plus tristement son éternel silence. C’est avec des morceaux de lave pétrifiée, que sont bâties la plupart de ces maisons qui ont été ensevelies par d’autres laves. Ainsi, ruines sur ruines, et tombeaux sur tombeaux. Cette histoire du monde où les époques se comptent de débris en débris, cette vie humaine dont la trace se suit à la lueur des volcans qui l’ont consumée, remplit le cœur d’une profonde mélancolie. Qu’il y a long-temps que l’homme existe ! qu’il y a long-temps qu’il vit, qu’il souffre et qu’il périt ! Où peut-on retrouver ses sentimens et ses pensées ? L’air qu’on respire dans ces ruines en est-il encore empreint, ou sont-elles pour jamais déposées dans le ciel où règne l’immortalité ? Quelques feuilles brûlées des manuscrits qui ont été trouvés à Herculanum et à Pompéia, et que l’on essaye de dérouler à Portici, sont tout ce qui nous reste pour interpréter les malheureuses victimes que le volcan, la foudre de la terre a dévorées. Mais en passant près de ces cendres que l’art parvient à ranimer, on tremble de respirer, de peur qu’un souffle n’enlève cette poussière où de nobles idées sont peut-être encore empreintes. Les édifees publics dans cette ville même de Pompéia, qui était une des moins grandes