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CORINNE OU L’ITALIE.

quand je ne serai plus. — Oswald passait à cheval, à côté de la voiture où était Corinne. La forme italienne de l’habit noir qui l’enveloppait le frappa singulièrement. Il s’arrêta, fit le tour de cette voiture, revint sur ses pas pour la revoir encore, et tâcha d’apercevoir quelle était la femme qui s’y tenait cachée. Le cœur de Corinne battait pendant ce temps avec une extrême violence, et tout ce qu’elle redoutait, c’était de s’évanouir, et d’être ainsi découverte ; mais elle résista cependant à son émotion, et lord Nelvil perdit l’idée qui l’avait d’abord occupé. Quand la revue fut finie, Corinne, pour ne pas attirer davantage l’attention d’Oswald, descendit de voiture pendant qu’il ne pouvait la voir, et se plaça derrière les arbres et la foule, de manière à n’être pas aperçue. Oswald alors s’approcha de la calèche de lady Edgermond, et lui montrant un cheval très-doux que ses gens avaient amené, il demanda pour Lucile la permission de monter ce cheval à côté de la voiture de sa mère. Lady Edgermond y consentit, en lui recommandant beaucoup de veiller sur sa fille. Lord Nelvil était descendu de cheval, il parlait chapeau bas, à la portière de lady Edgermond, avec une expression si respectueuse et si sensible en même temps, que Corinne n’y voyait que