Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/381

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reprit : — Vous pourrez le lui dire bientôt ; oui, bientôt. Mes amis de Rome vous manderont quand vous le pourrez. — Soignez au moins votre santé, dit le comte d’Erfeuil ; savez-vous que je suis inquiet de vous ? — Vraiment ? répondit Corinne en souriant ; mais je crois en effet que vous avez raison. — Le comte d’Erfeuil lui donna le bras pour aller jusqu’à son vaisseau : au moment de s’embarquer, elle se tourna vers l’Angleterre, vers ce pays qu’elle quittait pour toujours, et qu’habitait le seul objet de sa tendresse et de sa douleur : ses yeux se remplirent de larmes, les premières qui lui fussent échappées en présence du comte d’Erfeuil. — Belle Corinne, lui dit-il, oubliez un ingrat ; souvenez-vous des amis qui vous sont si tendrement attachés ; et croyez-moi, pensez avec plaisir à tous les avantages que vous possédez. — Corinne, à ces mots, retira sa main au comte d’Erfeuil, et fit quelques pas loin de lui ; puis se reprochant le mouvement auquel elle s’était livrée, elle revint et lui dit doucement adieu. Le comte d’Erfeuil ne s’aperçut point de ce qui s’était passé dans l’ame de Corinne : il entra dans la chaloupe avec elle, la recommanda vivement au capitaine, s’occupa même, avec le soin le plus aimable, de tous les