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CHAPITRE V.
Fragmens des pensées de Corinne.


« MON talent n’existe plus ; je le regrette. J’aurais aimé que mon nom lui parvînt avec quelque gloire ; j’aurais voulu qu’en lisant un écrit de moi il y sentît quelque sympathie avec lui. J’avais tort d’espérer qu’en rentrant dans son pays, au milieu de ses habitudes, il conserverait les idées et les sentimens qui pouvaient seuls nous réunir. Il y a tant à dire contre une personne telle que moi, et il n’y a qu’une réponse à tout cela, c’est l’esprit et l’ame que j’ai ; mais quelle réponse pour la plupart des hommes !
On a tort cependant de craindre la supériorité de l’esprit et de l’ame : elle est très-morale cette supériorité ; car tout comprendre rend très-indulgent et sentir profondément inspire une grande bonté.

Comment se fait-il que deux êtres qui se