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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE III.


LUCILE était affligée du départ d’Oswald ; mais le morne silence qu’il avait gardé envers elle pendant les derniers temps de leur séjour ensemble avait tellement redoublé sa timidité naturelle, qu’elle ne put se résoudre à lui dire qu’elle se croyait grosse, il ne le sut qu’aux îles par une lettre de lady Edgermond, à qui sa fille l’avait caché jusqu’alors. Lord Nelvil trouvai donc les adieux de Lucile très-froids, il ne jugea pas bien ce qui se passait dans son ame, et comparant sa douleur silencieuse avec les éloquens regrets de Corinne lorsqu’il se sépara d’elle à Venise, il n’hésita pas à croire que Lucile l’aimait faiblement. Cependant, durant les quatre années que dura son absence, elle n’eut pas un jour de bonheur. À peine la naissance de sa fille put-elle la distraire un moment des dangers que courait son époux. Un autre chagrin aussi se joignait à cette inquiétude ; elle décou-