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CORINNE OU L’ITALIE.

et plus éclairée que sa mère, ne suivait pas rigoureusement les conseils qu’elle lui donnait, mais il en restait toujours quelques traces : et ses lettres à lord Nelvil étaient bien moins sensibles que le fond de son cœur.

Oswald, pendant ce temps, se distingua dans la guerre par des actions d’une bravoure éclatante ; il exposa mille fois sa vie, non-seulement par l’enthousiasme de l’honneur, mais par goût pour le péril. On remarquait que le danger était un plaisir pour lui ; qu’il paraissait plus gai, plus animé, plus heureux le jour des combats ; il rougissait de joie quand le tumulte des armes commençait, et c’était dans ce moment seul qu’un poids qu’il avait sur le cœur se soulevait et le laissait respirer à l’aise. Adoré de ses soldats, admiré de ses camarades, il avait une existence très-animée, qui, sans lui donner du bonheur, l’étourdissait au moins sur le passé comme sur l’avenir. Il recevait des lettres de sa femme, qu’il trouvait froides, mais auxquelles cependant il s’accoutumait. Le souvenir de Corinne lui apparaissait souvent dans ces belles nuits des tropiques, où l’on prend une si grande idée de la nature et de son auteur ; mais comme le climat et la guerre menaçaient tous les jours sa vie, il se croyait