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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VI.


OSWALD, depuis qu’il était entré en Italie, n’avait pas prononcé un mot d’italien, il semblait que cette langue lui fit mal, et qu’il évitât de l’entendre comme de la parier. Le soir du jour où lady Nelvil et lui étaient arrivés dans l’auberge à Milan, ils entendirent frapper à leur porte, et virent entrer dans leur chambre un Romain d’une figure très-noire, très-marquée, mais cependant sans véritable physionomie : des traits créés pour l’expression, mais auxquels il manquait l’ame qui la donne, et sur cette figure il y avait à perpétuité un sourire gracieux, et un regard qui voulait être poétique. Il se mit dès la porte à improviser des vers tout remplis de louanges sur la mère, l’enfant et l’époux ; de ces louanges qui convenaient à toutes les mères, à tous les enfans, à tous les époux du monde, et dont l’exagération passait par-dessus tous les sujets, comme si les paroles et la vérité ne devaient avoir aucun rapport ensemble. Le Romain se