OSWALD, depuis qu’il était entré en Italie, n’avait
pas prononcé un mot d’italien, il semblait
que cette langue lui fit mal, et qu’il évitât de
l’entendre comme de la parier. Le soir du jour
où lady Nelvil et lui étaient arrivés dans l’auberge
à Milan, ils entendirent frapper à leur
porte, et virent entrer dans leur chambre un
Romain d’une figure très-noire, très-marquée,
mais cependant sans véritable physionomie : des
traits créés pour l’expression, mais auxquels il
manquait l’ame qui la donne, et sur cette figure
il y avait à perpétuité un sourire gracieux, et un
regard qui voulait être poétique. Il se mit dès la
porte à improviser des vers tout remplis de
louanges sur la mère, l’enfant et l’époux ; de
ces louanges qui convenaient à toutes les mères,
à tous les enfans, à tous les époux du monde, et
dont l’exagération passait par-dessus tous les sujets,
comme si les paroles et la vérité ne devaient
avoir aucun rapport ensemble. Le Romain se