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CORINNE OU L’ITALIE.

qui va disparaître un sensible et dernier adieu. En sortant de l’église, Oswald dit à Lucile : — Ce tableau dans peu de temps n’existera plus, mais moi j’aurai toujours sous les yeux son modèle. — Ces paroles aimables attendrirent Lucile ; elle serra la main d’Oswald : elle était prête à lui demander si son cœur pouvait se lier à cette expression de tendresse ; mais quand un mot d’Oswald lui semblait froid, sa fierté, l’empêchait de s’en plaindre ; et quand elle était heureuse d’une expression sensible, elle craignait de troubler ce moment de bonheur en voulant le rendre plus durable. Ainsi son ame et son esprit trouvaient toujours des raisons pour le silence. Elle se flattait que le temps, la résignation et la douceur amèneraient un jour fortuné qui dissiperait toutes ses craintes.