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CORINNE OU L’ITALIE.

moins si vous me voyiez me prosterner devant vous, vous pénétreriez à travers tous mes torts et tous mes devoirs ce que vous êtes encore pour moi, et cet entretien vous laisserait un sentiment doux. Hélas ! notre santé est bien faible à tous les deux, et je ne crois pas que le ciel nous destine une longue vie. Que celui de nous deux qui précédera l’autre se sente regretté, se sente aimé de l’ami qu’il laissera dans ce monde ! L’innocent devrait seul avoir cette jouissance ; mais qu’elle soit aussi accordée au coupable !

Corinne, sublime amie, vous qui lisez dans les cœurs, devinez ce que je ne puis dire ; entetendez-moi comme vous m’entendiez. Laissez-moi vous voir ; permettez que mes lèvres pâles pressent vos mains affaiblies : Ah ! ce n’est pas moi seul qui ai fait ce mal, c’est le même sentiment qui nous a consumé tous les deux ; c’est la destinée qui a frappé deux êtres qui s’aimaient : mais elle a dévoué l’un d’eux au crime, et celui-là, Corinne, n’est peut-être pas le moins à plaindre !

Réponse de Corinne.

S’il ne fallait pour vous voir que vous par-