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CORINNE OU L’ITALIE.

ment de la douleur que j’ai éprouvée : elle flétrit l’espérance, elle donne un sentiment de timidité pénible et douloureux ; la destinée m’a tant fait de mal, qu’alors même qu’elle semble m’offrir le plus grand bien, je me défie encore d’elle. Mais, chère amie, ces inquiétudes sont dissipées, je suis à toi pour toujours, à toi ! Je me dis que si mon père vous avait connue, c’est vous qu’il aurait choisie pour la compagne de ma vie, c’est vous…… — Arrêtez, s’écria Corinne, en fondant en pleurs, je vous en conjure, ne me parlez pas ainsi. —

Pourquoi vous opposeriez-vous, dit lord Nelvil, au plaisir que je trouve à vous unir dans ma pensée avec le souvenir de mon père, à confondre ainsi dans mon cœur tout ce qui m’est cher et sacré. — Vous ne le pouvez pas, interrompit Corinne ; Oswald, je sais trop que vous ne le pouvez pas. — Juste ciel, reprit lord Nelvil, qu’avez-vous à m’apprendre ? Donnez-moi cet écrit qui doit contenir l’histoire de votre vie, donnez-le-moi. — Vous l’aurez, reprit Corinne ; mais, je vous en conjure, encore huit jours de grâce, seulement huit jours. Ce que j’ai appris ce matin m’oblige à quelques détails de plus. — Comment, dit Oswald, quel rapport avez-vous ? …… — N’exigez pas que je vous ré-