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PENSÉES.


XCII.


Il y a des gens à qui on n’a aucune raison d’en vouloir, et qui pourtant font éprouver, quand on se sent près d’eux, un sentiment de gêne, de repoussement, qui cesse dès qu’on en est éloigné. On rend alors une entière justice à leurs qualités, à leur mérite ; on se reproche sa froideur, et on se promet de la réparer : mais, dès qu’on les revoit, on est tout à coup comme frappé du même repoussement, et il devient impossible de s’abandonner au sentiment qu’on voulait leur témoigner.

Il est hors de doute qu’il y a, dans ceux qui font naître en nous cette sensation, des défauts, des vices, des intentions qui nous sont contraires, dont nous ne nous rendons pas compte, parce qu’ils sont dissimulés avec art, ou parce que, n’ayant en nous rien qui y soit analogue, nous ne pouvons les bien saisir, mais dont nous sommes avertis par notre instinct, qui, sans que nous nous en apercevions, vient sans cesse au secours de notre faiblesse et de l’imperfection de notre jugement.