Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/117

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le tiers de l' argent monnoyé du royaume ; et par consequent qu' il n' est pas possible qu' elle entre plusieurs années de suite dans les coffres du roy, sans alterer le commerce, qui ne peut subsister, si l' argent ne roule incessamment.

La troisiéme, qu' il est évident par tout ce que j' ay dit, que cette quotité des subsides, quoy que répartie avec une grande proportion, ne pourroit être poussée plus loin sans ruiner les peuples, principalement ceux qui n' ont point d' autre revenu que celuy de leur industrie, et du travail de leurs mains, lesquels seroient accablez et réduits à la mendicité, qui est le plus grand malheur qui puisse arriver à un etat ; car la mendicité est une maladie qui tuë dans fort peu de temps son homme, et de laquelle on ne releve point.

C' est pourquoy je croy devoir encore repeter icy, qu' au cas que ce systême soit agréé, il faudra bien prendre garde à ne pas pousser la dixme plus haut que le dixiéme , et même n' en approcher que le moins qu' il sera possible. Parce que la dixme royale levée au dixiéme, emporteroit deux sols pour livre, en même temps que la dixme ecclesiastique et les droits seigneuriaux en enlevent autant ; et que le sel de son côté en tirera à soy pour le moins deux autres, ce qui joints ensemble reviennent à six sols pour livre, dont le roy profitant de quatre pour la dixme et le sel , et le clergé et les seigneurs