Page:De la Démonomanie des Sorciers (1587).djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

louanges, Monseigneur, car ce n'est pas mon suiet, encores que la loy dict Prælidem prouinciæ non grauatè suas laudes audire oportere. Et combien que l'honneur de l'homme vertueux n'a besoin d'estre rehaussé de louanges pour donner lustre: si est-ce que la Republique a notable interest que les vrayes louanges des hommes illustres demeurent grauees and imprimees par tout pour seruir d'exemple aux vns, d'aiguillon aux autres, and d'imitation àtous. Ce que ie deuerois faire d'autant plus volontiers en vostre endroit que les loix and la religion d'honneur m'obligent àce faire, pour les plaisirs signalez (ie ne diray pas offices ne l'ayant merité en vostre endroit) que i'ay receu de vous: and que vous auez tousiours porté vne singuliere affection àtous ceux qui ayme (02) t les bones lettres. Mais ie reserue de cela à part, and à plus beau suier: and me suffira pour ceste heure de vous faire ce petit present, lequel, sil vous est aggreable, ie m'asseure si i'ay encores quelque malueillant, qu'il nesera pas si mal aduisé, que fut n'a pas long temps quelqu'vn, que ie ne veux nommer pour son honneur, lequel dedia au Royvn libelle contre la Republique que i'ay mis en lumiere. Mais si tost que le Roy eut remarqué les propos calomnieux de cest homme-là: il le fist conslituer prisonnier, and signa le decret de sa main, auec defenses sur la vie d'exposer son libelle en vente. Toutesfois il en est demeuré quitte pour vne ame (02) de honorable: mais s'il eust eslé de plus sain iugiment, il eust merité la peine que Zoile receut pour vn present pareil qu'il fist à Ptolemee Philadelphe Roy d'Egypte. Or ie n'espere pas que personne eseriue contre cest uure, si ce n'est quelque Sorcier qui deffende sa cause: mais si i'en suis aduerty, ie luy diray ce qu'on dit en plusieurs lieux de ce Royaume à ceux qui sont suspects d'estre Sorciers, d'autàt loin qu'on les voit sans autre forme d'iniure on crie à haute voix, IE ME DOVTE, afin que les charmes and malefices de telles gens ne puissent offenser. De Laon, ce xx.iour de Decembre, M. D. LXXIX. Vostre humble and affectionné seruiteur, I. Bodin. Preface Page 4