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deux mille personnes étaient réunies dans le bourg de Grand Pré. Beaucoup étaient venus d’une assez grande distance avec toutes leurs familles. Tous étaient groupés autour de la rue principale, devant les maisons, à côté de l’église. La plupart s’occupaient à expédier un léger repas qu’ils mangeaient sur le pouce. Il n’y avait pas de tumulte : on eût dit qu’un voile lugubre enveloppait cette foule sur laquelle régnait une véritable stupeur. On s’entretenait à voix basse comme quand on se prépare à confier à la tombe les dépouilles d’un ami où d’un frère. On sentait, on devinait le malheur.

« Quand les vieilles horloges qui avaient marqué tant de moments heureux dans ces chaumières ignorées, commencèrent à sonner trois heures, tous sentirent leurs cœurs se serrer, les groupes s’ébranlèrent et, au même instant un roulement de tambour se fit entendre du côté du presbytère : c’était le signal annonçant l’ouverture de l’assemblée. Aussitôt la population tout-entière se mit en marche. La plupart des membres d’une famille se tenaient réunis. On voyait çà et là