Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/311

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courtes entre les sujets et le souverain. La fatigue, le besoin de repos, pour ranimer leurs forces et panser leurs blessures, sépare un moment les combattants, et bientôt après recommence la lutte interminable entre le despotisme et l’anarchie.

D’une autre part, le protestantisme ne pouvant prescrire la croyance d’aucun dogme positif, pas même la croyance que l’écriture est la parole de Dieu, et obligeant les hommes de former leur foi d’après leurs propres lumières, détruit radicalement la société religieuse aussi bien que la société politique ; car on n’établit pas plus une société religieuse en disant : convenons de croire chacun tout ce qui nous paroîtra vrai, qu’on n’établit une société politique en disant : convenons de faire chacun tout ce qui nous paroîtra bon ; et l’un est la suite nécessaire de l’autre. Quiconque est libre de croire ce qu’il veut, est libre d’agir comme il veut, et le jugement qui règle la foi règle encore les actions. Ainsi plus de devoirs universels, ou, en d’autres termes, plus de société, que celle dont les lois écrites dans le code civil et le code criminel, ont la force pour garantie et le glaive pour sanction.

Or, qu’on jette un coup d’oeil sur l’Europe, et qu’on dise s’il existe maintenant, hors de l’Eglise catholique, une doctrine religieuse, une doctrine morale, une doctrine politique arrêtée ? Quelle