Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/119

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appelées « soleil », chères aux perroquets et à ces jardins qui font l’ornement des petites gares de province. Malgré son âge, il est allègre et sec, et conduit l’orchestre avec une minutie nerveuse qui s’inquiète, souligne toutes les nuances, distribue l’émotion avec un infatigable soin.

On peut regretter que le séjour de M. Grieg à Paris ne nous ait rien appris de nouveau sur son art : il reste un musicien délicat quand il s’assimile la musique populaire de son pays, quoiqu’il soit loin d’en tirer le parti que MM. Balakirev et Rimski Korsakov trouvent dans l’emploi de la musique populaire russe. Ceci ôté, il n’est plus qu’un musicien adroit plus soucieux d’effet que d’art véritable. Il paraît que son véritable initiateur fut un jeune homme de son âge, un génie né qui promettait un grand musicien, quand il mourut à vingt-quatre ans : Richard Nordruck. Cette mort est doublement regrettable puisqu’elle priva la Norvège d’une gloire et Grieg d’une influence amicale qui l’aurait certainement empêché de s’égarer dans des chemins perfides… Autre part, Grieg assume un but pareil à « Solness le constructeur » (un des derniers drames d’Ibsen), « bâtir pour les enfants des hommes une maison où ils se trouvent chez eux et heureux… »

Je n’ai trouvé aucune trace de cette belle image dans ce que M. Grieg nous fit entendre hier. Maintenant, nous ne connaissons rien de ses dernières