Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/27

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ils donc le droit de diriger une destinée aussi mystérieuse ? Vraiment, il semble qu’en ce cas, ils feraient mieux de s’en remettre au simple jeu de la « courte paille », qui sait ? le hasard est parfois si spirituel… Mais non, il faut chercher ailleurs… Ne pas juger sur des œuvres de commande et d’une forme telle qu’il est impossible de savoir exactement si ces jeunes gens savent leur métier de musicien… Qu’on leur donne, si l’on y tient absolument, un « certificat de hautes études », mais pas un certificat « d’imagination », c’est inutilement grotesque ! Cette formalité une fois remplie, qu’ils voyagent à travers l’Europe, qu’ils se choisissent eux-mêmes un maître ou, s’ils le peuvent rencontrer, un brave homme qui leur apprenne que l’art n’est pas nécessairement borné aux monuments subventionnés par l’État ! » — M. Croche s’interrompit pour tousser misérablement et s’excuser auprès de son cigare éteint… « Nous luttons, dit-il en montrant son cigare, lui s’éteint, me reprochant ironiquement de trop parler, et m’avertit qu’il finira bien par m’ensevelir « sous sa cendre accumulée ». C’est, avouez-le, un bûcher d’un panthéisme charmant, cela commente doucement qu’il ne faut pas se croire absolument nécessaire, et qu’on doit admettre la brièveté de la vie comme l’enseignement le plus utile… » — Puis, se retournant brusquement vers moi : — « J’étais chez