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VII
PRÉFACE DU TRADUCTEUR

nourri par des miracles plus grands que celui des corbeaux ; où j’ai souffert toute manière de violences et d’oppressions, d’injures, de reproches, de mépris des humains, d’attaques de démons, de corrections du ciel et d’oppositions sur terre… » Puis, traitant de la représentation fictive de l’emprisonnement forcé de Robinson dans son île, de Foë ajoute : « Il est aussi raisonnable de représenter une espèce d’emprisonnement par une autre, que de représenter n’importe quelle chose qui existe réellement par une autre qui n’existe pas. Si j’avais adopté la façon ordinaire d’écrire l’histoire privée d’un homme, en vous exposant la conduite ou la vie que vous connaissiez, et sur les malheurs ou défaillances de laquelle vous aviez parfois injustement triomphé, tout ce que j’aurais dit ne vous aurait donné aucune diversion, aurait obtenu à peine l’honneur d’une lecture, ou mieux point d’attention. »

Nous devons donc considérer Robinson Crusoé comme une allégorie, un symbole (emblem) qui enveloppe un livre dont le fond eût été peut-être assez analogue aux Mémoires de Beaumarchais, mais que de Foë ne voulut pas écrire directement. Tous les autres romans de de Foë doivent être semblablement interprétés. Ayant réduit sa propre vie par la pensée à la simplicité absolue afin de la représenter en art, il transforma plusieurs fois les