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MOLL FLANDERS

Il me dit que je pourrais placer mon argent à la Banque, en compte, et que l’entrée qu’on en ferait sur les livres me donnerait droit de le retirer quand il me plairait ; que, lorsque je serais dans le Nord, je pourrais tirer des billets sur le caissier, et en recevoir le montant à volonté ; mais qu’alors on le considérerait comme de l’argent qui roule, et qu’on ne me donnerait point d’intérêt dessus ; que je pouvais aussi acheter des actions, qu’on me conserverait en dépôt ; mais qu’alors, si je désirais en disposer, il me faudrait venir en ville pour opérer le transfert, et que ce serait même avec quelque difficulté que je toucherais le dividende semestriel, à moins de venir le recevoir en personne, ou d’avoir quelque ami à qui je pusse me fier, et au nom de qui fussent les actions, afin qu’il pût agir pour moi, et que nous rencontrions alors la même difficulté qu’avant, et là-dessus il me regarda fixement et sourit un peu.

Enfin il dit :

— Pourquoi ne choisissez-vous pas un gérant, madame, qui vous prendrait tout ensemble, vous et votre argent, et ainsi tout souci vous serait ôté ?

— Oui, monsieur, et l’argent aussi peut-être, dis-je, car je trouve que le risque est aussi grand de cette façon que de l’autre.

Mais je me souviens que je me dis secrètement : Je voudrais bien que la question fût posée franchement, et je réfléchirais très sérieusement avant de répondre NON.

Il continua assez longtemps ainsi, et je crus une ou deux fois qu’il avait des intentions sérieuses, mais, à mon réel chagrin, je trouvai qu’il avait une femme ; je me mis