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MOLL FLANDERS

y arrivèrent, ma gouvernante, qui avait son conte tout prêt, tint sa porte fermée, et leur cria qu’aucun homme n’était entré chez elle ; la foule affirma qu’on avait vu entrer un homme et menaça d’enfoncer la porte.

Ma gouvernante, point du tout surprise, leur répondit avec placidité, leur assura qu’ils pourraient entrer fort librement et fouiller sa maison, s’ils voulaient mener avec eux un commissaire, et ne laisser entrer que tels que le commissaire admettrait, étant déraisonnable de laisser entrer toute une foule ; c’est ce qu’ils ne purent refuser, quoique ce fût une foule. On alla donc chercher un commissaire sur-le-champ ; et elle fort librement ouvrit la porte ; le commissaire surveilla la porte et les hommes qu’il avait appointés fouillèrent la maison, ma gouvernante allant avec eux de chambre en chambre. Quand elle vint à ma chambre, elle m’appela, et cria à haute voix :

— Ma cousine, je vous prie d’ouvrir votre porte ; ce sont des messieurs qui sont obligés d’entrer afin d’examiner votre chambre.

J’avais avec moi une enfant, qui était la petite-fille de ma gouvernante, comme elle l’appelait ; et je la priai d’ouvrir la porte ; et j’étais là, assise au travail, avec un grand fouillis d’affaires autour de moi, comme si j’eusse été au travail toute la journée, dévêtue et n’ayant que du linge de nuit sur la tête et une robe de chambre très lâche ; ma gouvernante me fit une manière d’excuse pour le dérangement qu’on me donnait, et m’en expliqua en partie l’occasion, et qu’elle n’y voyait d’autre remède que de leur ouvrir les portes et de leur permettre de se satisfaire, puisque tout ce qu’elle avait pu