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MOLL FLANDERS

Et si le reste de l’histoire est vrai, c’est ce qui arriva en effet.

Je trouvai le lendemain qu’elle s’enquérait merveilleusement de ce gentilhomme. La description que je lui en donnai, ses habits, sa personne, son visage, tout concourait à la faire souvenir d’un gentilhomme dont elle connaissait le caractère. Elle demeura pensive un moment et comme je continuais à lui donner des détails, elle se met à dire :

— Je parie cent livres que je connais cet homme.

— J’en suis fâchée, dis-je, car je ne voudrais pas qu’il fût exposé pour tout l’or du monde. On lui a déjà fait assez de mal, et je ne voudrais pas aider à lui en faire davantage.

— Non, non, dit-elle, je ne veux pas lui faire de mal, mais tu peux bien me laisser satisfaire un peu ma curiosité, car si c’est lui, je te promets bien que je le retrouverai.

Je fus un peu effarée là-dessus, et lui dis le visage plein d’une inquiétude apparente qu’il pourrait donc par le même moyen me retrouver, moi et qu’alors j’étais perdue. Elle repartit vivement :

— Eh quoi ! penses-tu donc que je vais te trahir ? mon enfant. Non, non, dit-elle, quand il dût avoir dix fois plus d’état, j’ai gardé ton secret dans des choses pires que celle-ci. Tu peux bien te fier à moi pour cette fois.

Alors je n’en dis point davantage.

Elle disposa son plan d’autre manière et sans me le faire connaître, mais elle était résolue à tout découvrir ; si bien qu’elle va trouver une certaine personne de ses amis qui avait accointance dans la famille qu’elle sup-