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MOLL FLANDERS

Enfin, nous arrivâmes à destination au bout de cinq jours de voile, — je crois que cet endroit se nomme Pointe-Philippe, — et voici que lorsque nous arrivâmes, le vaisseau pour la Caroline avait terminé son chargement et était parti trois jours avant. C’était une déception ; mais pourtant, moi qui ne devais me décourager de rien, je dis à mon mari, que, puisque nous ne pouvions passer en Caroline, et que la contrée où nous étions était belle et fertile, il fallait voir si nous ne pourrions point y trouver notre affaire, et que s’il le voulait, nous pourrions nous y établir.

Nous nous rendîmes aussitôt à terre, mais n’y trouvâmes pas de commodités dans l’endroit même, ni pour y demeurer, ni pour y mettre nos marchandises à l’abri ; mais un très honnête quaker, que nous trouvâmes là, nous conseilla de nous rendre en un lieu situé à environ soixante milles à l’est, c’est-à-dire plus près de l’embouchure de la baie, où il dit qu’il vivait lui-même, et où nous trouverions ce qu’il nous fallait, soit pour planter, soit pour attendre qu’on nous indiquât quelque autre lieu de plantation plus convenable ; et il nous invita avec tant de grâce que nous acceptâmes, et le quaker lui-même vint avec nous.

Là nous achetâmes deux serviteurs, c’est à savoir une servante anglaise, qui venait de débarquer d’un vaisseau de Liverpool, et un nègre, choses d’absolue nécessité pour toutes gens qui prétendent s’établir en ce pays. L’honnête quaker nous aida infiniment, et quand nous arrivâmes à l’endroit qu’il nous avait proposé, nous trouva un magasin commode pour nos marchandises et du logement pour nous et nos domestiques ; et environ