Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
MOLL FLANDERS

un confident à lui, où nous entrâmes, et où se trouvaient toutes les commodités du monde pour faire tout le mal qu’il nous plairait.

Quand nous fûmes ensemble, il commença de me parler très gravement et de me dire qu’il ne m’avait pas amenée là pour me trahir ; que la passion qu’il entretenait pour moi ne souffrait pas qu’il me déçût ; qu’il était résolu à m’épouser sitôt qu’il disposerait de sa fortune ; que cependant, si je voulais accorder sa requête, il m’entretiendrait fort honorablement ; et me fit mille protestations de sa sincérité et de l’affection qu’il me portait ; et qu’il ne m’abandonnerait jamais, et comme je puis bien dire, fit mille fois plus de préambules qu’il n’en eût eu besoin.

Toutefois, comme il me pressait de parler, je lui dis que je n’avais point de raison de douter de la sincérité de son amour pour moi, après tant de protestations, mais…

Et ici je m’arrêtai, comme si je lui laissais à deviner le reste.

— Mais quoi, ma chérie ? dit-il. Je devine ce que vous voulez dire. Et si vous alliez devenir grosse, n’est-ce pas cela ? Eh bien, alors, dit-il, j’aurai soin de vous et de vous pourvoir, aussi bien que l’enfant ; et afin que vous puissiez voir que je ne plaisante pas, dit-il, voici quelque chose de sérieux pour vous, et là-dessus il tire une bourse de soie avec cent guinées et me la donna ; et je vous en donnerai une autre pareille, dit-il, tous les ans jusqu’à ce que je vous épouse.

Ma couleur monta et s’enfuit à la vue de la bourse, et tout ensemble au feu de sa proposition, si bien que je