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MOLL FLANDERS

ne pus dire une parole, et il s’en aperçut aisément ; de sorte que, glissant la bourse dans mon sein, je ne lui fis plus de résistance, mais lui laissai faire tout ce qui lui plaisait et aussi souvent qu’il lui plut et ainsi je scellai ma propre destruction d’un coup ; car de ce jour, étant abandonnée de ma vertu et de ma chasteté, il ne me resta plus rien de valeur pour me recommander ou à la bénédiction de Dieu ou à l’assistance des hommes.

Mais les choses ne se terminèrent pas là. Je retournai en ville, fis les affaires dont il m’avait priée, et fus rentrée avant que personne s’étonnât de ma longue sortie ; pour mon gentilhomme, il resta dehors jusque tard dans la nuit, et il n’y eut pas le moindre soupçon dans la famille, soit sur son compte, soit sur le mien.

Nous eûmes ensuite de fréquentes occasions de renouveler notre crime, en particulier à la maison, quand sa mère et les jeunes demoiselles sortaient en visite, ce qu’il guettait si étroitement qu’il n’y manquait jamais ; sachant toujours d’avance le moment où elles sortaient, et n’omettait pas alors de me surprendre toute seule et en absolue sûreté ; de sorte que nous prîmes notre plein de nos mauvais plaisirs pendant presque la moitié d’une année ; et cependant, à ma bien grande satisfaction, je n’étais pas grosse.

Mais avant que cette demi-année fût expirée, son frère cadet, de qui j’ai fait quelque mention, entra au jeu avec moi ; et, me trouvant seule au jardin un soir, me commence une histoire de même sorte, fit de bonnes et honnêtes protestations de son amour pour moi, et bref, me propose de m’épouser bellement, en tout honneur.