Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/189

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je trouvai sans peine, car il y en avait là en grande abondance. Je les mis en dedans de mon enceinte ou de mes haies pour les faire sécher, et dès qu’elles furent propres à être employées, je les portai dans ma grotte où, durant la saison suivante, je m’occupai à fabriquer, — aussi bien qu’il m’était possible, — un grand nombre de corbeilles pour porter de la terre, ou pour transporter ou conserver divers objets dont j’avais besoin. Quoique je ne les eusse pas faites très élégamment, elles me furent pourtant suffisamment utiles ; aussi, depuis lors, j’eus l’attention de ne jamais m’en laisser manquer ; et, à mesure que ma vannerie dépérissait, j’en refaisais de nouvelle. Je fabriquai surtout des mannes fortes et profondes, pour y serrer mon grain, au lieu de l’ensacher, quand je viendrais à faire une bonne moisson.

Cette difficulté étant surmontée, ce qui me prit un temps infini, je me tourmentai l’esprit pour voir s’il ne serait pas possible que je suppléasse à deux autres besoins. Pour tous vaisseaux qui pussent contenir des liquides, je n’avais que deux barils encore presque pleins de rum, quelques bouteilles de verre de médiocre grandeur, et quelques flacons carrés destinés à contenir des eaux et des spiritueux. Je n’avais pas seulement un pot pour faire bouillir dedans quoi que ce fût, excepté une chaudière que j’avais sauvée du navire, mais qui était trop grande pour faire du bouillon ou faire étuver un morceau de viande tout seul. La seconde chose que j’aurais bien désiré avoir, c’était une pipe à tabac ; mais il m’était impossible d’en fabriquer une. Cependant, à la fin, je trouvai aussi une assez bonne invention pour cela.

Je m’étais occupé tout l’été ou toute la saison sèche à planter mes seconds rangs de palis ou de pieux, quand