Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/358

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à son tour, par ses examens et ses questions sérieuses, me rendait, comme je le disais tout-à-l’heure, un docteur bien plus habile dans la connaissance des deux Testaments que je ne l’aurais jamais été si j’eusse fait une lecture privée. Il est encore une chose, fruit de l’expérience de cette portion de ma vie solitaire, que je ne puis passer sous silence : oui, c’est un bonheur infini et inexprimable que la science de Dieu et la doctrine du salut par Jésus-Christ soient si clairement exposées dans les Testaments, et qu’elles soient si faciles à être reçues et entendues, que leur simple lecture put me donner assez le sentiment de mon devoir pour me porter directement au grand œuvre de la repentance sincère de mes péchés, et pour me porter, en m’attachant à un Sauveur, source de vie et de salut, à pratiquer une réforme et à me soumettre à touts les commandements de Dieu, et cela sans aucun maître où précepteur, j’entends humain. Cette simple instruction se trouva de même suffisante pour éclairer mon pauvre Sauvage et pour en faire un Chrétien tel, que de ma vie j’en ai peu connu qui le valussent.

Quant aux disputes, aux controverses, aux pointilleries, aux contestations qui furent soulevées dans le monde touchant la religion, soit subtilités de doctrine, soit projets de gouvernement ecclésiastique, elles étaient pour nous tout-à-fait chose vaine, comme, autant que j’en puis juger, elles l’ont été pour le reste du genre humain. Nous étions sûrement guidés vers le Ciel par les Écritures ; et nous étions éclairés par l’Esprit consolateur de Dieu, nous enseignant et nous instruisant par sa parole, nous conduisant à toute vérité et nous rendant l’un et l’autre soumis et obéissants aux enseignements de sa loi. Je ne vois pas que nous aurions pu faire le moindre usage de la connais-