Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/9

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comme je vous le disais tout-à-l’heure, ce qui eut lieu, autant que je me le rappelle, il y a environ douze ans. »

À ce récit je montrai un peu de tristesse et d’inquiétude, et je demandai au vieux capitaine comment il était advenu que mes curateurs eussent ainsi disposé de mes biens, quand il n’ignorait pas que j’avais fait mon testament, et que je l’avais institué, lui, le capitaine portugais mon légataire universel.

— « Cela est vrai, me répondit-il ; mais, comme il n’y avait point de preuves de votre mort, je ne pouvais agir comme exécuteur testamentaire jusqu’à ce que j’en eusse acquis quelque certitude. En outre, je ne me sentais pas porté à m’entremettre dans une affaire si lointaine. Toutefois j’ai fait enregistrer votre testament, et je l’ai revendiqué ; et, si j’eusse pu constater que vous étiez mort ou vivant, j’aurais agi par procuration, et pris possession de l’engenho, — c’est ainsi que les Portugais nomment une sucrerie — et j’aurais donné ordre de le faire à mon fils, qui était alors au Brésil.

— » Mais, poursuivit le vieillard, j’ai une autre nouvelle à vous donner, qui peut-être ne vous sera pas si agréable que les autres : c’est que, vous croyant perdu, et tout le monde le croyant aussi, votre partner et vos curateurs m’ont offert de s’accommoder avec moi, en votre nom, pour le revenu des six ou huit premières années, lequel j’ai reçu. Cependant de grandes dépenses ayant été faites alors pour augmenter la plantation, pour bâtir un engenho et acheter des esclaves, ce produit ne s’est pas élevé à beaucoup près aussi haut que par la suite. Néanmoins je vous rendrai un compte exact de tout ce que j’ai reçu et de la manière dont j’en ai disposé. »

Après quelques jours de nouvelles conférences avec ce