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HÉLIKA.

lutte désespérée où trois étaient tombés sous ses coups, le quatrième mortellement blessé et le dernier avait pris la fuite. Ce qui lui donnait encore plus de désir de se joindre à nous c’est que ceux qui s’étaient emparés de lui et qui voulaient le brûler, faisaient partie de la bande où Paulo avait recruté ses nouveaux complices. Lorsque je lui avais communiqué mon plan d’attaque, Bidoune s’était frotté les mains avec délices.

Les deux Français eux aussi étaient de puissants et fermes auxiliaires. C’était deux hommes aux muscles d’acier, au cœur franc et loyal, braves et rusés, qui avaient été formés à l’école de Baptiste. Il m’est inutile de parler de ce dernier, le lecteur le connaît déjà.

Avec de tels hommes, je pouvais tout tenter. Le point que j’avais décidé d’explorer était le lieu qui leur servait de repaire, lorsque Baptiste avait poursuivi Paulo.

Plus nous avancions dans les bois et approchions de cet endroit, plus nous nous convainquions que nous ne nous étions pas trompés dans nos prévisions, car les traces de leur passage devenaient de plus en plus évidentes.

Quand nous fûmes peu éloignés du campement où nous espérions les surprendre et leur livrer assaut, nous décidâmes de nous séparer en deux bandes. Nous eûmes aussi la précaution de nous mettre sous le vent, par crainte que les chiens ne sentissent notre approche et qu’ils ne leur donnassent l’éveil. De leur côté, nos ennemis avaient bien pris leurs mesures pour prévenir toute surprise. Ils comprenaient que si leur plan d’enlèvement avait été ainsi déjoué, c’est qu’il y avait eu trahison de la part du louche ou qu’ils avaient affaire à quelqu’un d’aussi rusé qu’eux.

Nous pûmes approcher jusqu’à portée de fusil de leur cabane en nous glissant et en rampant de broussailles en broussailles.

Malheureusement un chien éventa la mèche. Un coup de feu partit d’une sentinelle embusquée derrière un arbre et une balle vint frapper Bidoune à la jambe. La carabine de celui-ci retentit à son tour, le Peau Rouge fit un soubresaut et retomba inerte. Ces coups de feu avait jeté l’alarme dans le camp. La flamme qui brillait au milieu de leur wigwam fut en un instant dispersée.

En même temps, trois coups partirent dans la direction d’où était venu celui qui avait blessé Bidoune. Les deux Français tirèrent eux aussi du côté d’où venaient ces derniers, puis nous entendîmes des plaintes sourdes et des craquements de branches, comme en peuvent faire les bêtes fauves en fuite dans les bois.

Il n’eût certes pas été prudent de nous avancer plus loin, cette nuit-là, car nos ennemis auraient pu s’être cachés et nous envoyer