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Page:Deherme - L’Idéologie délétère.djvu/16

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souvent, qu’une dilapidation des richesses sociales, une destruction[1]. Puisque le présent ne prolonge plus le passé et ne s’oblige aucunement envers l’avenir, puisqu’il n’y a plus que le Moi fugace, aucun lien ne se noue. Il ne reste plus qu’une poussière tourbillonnante d’individus.

En France seulement, à chaque minute au moins, un être naît et un être meurt : à chaque minute donc, si la société ne comprend que les vivants, un contrat se signe, un autre se rompt, une société finit, une autre commence. Pour le Code civil, la liquidation est incessante. C’est dire qu’il n’y a plus vraiment de société.

Rien n’existe, rien ne se développe, rien n’est fécond que dans le temps. Ce qui ne fait que passer n’est qu’un fantôme stérile quand ce n’est pas l’ouragan dévastateur.


XI. — Les « droits » dissolvants.


La guerre restitua aux morts leur autorité et resserra les liens de la solidarité civique. C’est ce qui nous sauva. Malheureusement, cette réaction salutaire ne semble pas devoir durer.

Déjà, l’union sacrée n’est plus qu’un souvenir.

  1. Nous avons fait remarquer ailleurs que, depuis la Révolution, il a été fabriqué 250.000 lois, décrets et ordonnances On en doit 10.500 au premier Empire, 35.000 à la Restauration, 87.000 à Louis-Philippe, 12.400 à l’éphémère République deuxième, 45.000 au second Empire, enfin 100.000 à la troisième République.