Page:Dehes - Essai sur l'amélioration des races chevalines de la France.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

l’action de ces causes, les caractères, se transmettant de père en fils ne tardent pas à montrer l’efficacité d’un élevage rationnel.

Pour fixer les caractères acquis et les maintenir, il faut toujours agir de la même manière, et soutenir contre la nature une lutte active et incessante.

Il faut, autant que possible élever les chevaux à l’écurie, l’élevage en liberté n’est pas, tant s’en faut, aussi économique que l’élevage à l’écurie. Le propriétaire n’a pas autant de frais, et les chevaux qu’il produit sont mieux conformés, plus dociles et d’un service plus agréable que ceux qui s’élèvent au grand air. Comme la dernière fin du cheval est de rester à l’écurie, ceux qui s’y sont nourris depuis leur naissance, ont moins à redouter ces gourmes malignes que la transition trop brusque de l’état de liberté avec le régime de la stabulation produit chez les chevaux qui ont passé toute leur jeunesse dans les pâturages, où ils ont contracté un tempérament lymphatique outré, et souvent même la fluxion périodique des yeux.

On a objecté à l’élevage à l’écurie de faire perdre aux animaux leur robusticité. Il est facile de faire justice de cette idée : car, en admettant que le cheval d’écurie soit moins robuste que le cheval de pâturage, ce qui n’est pas clairement prouvé, il aura plus de force et de puissance et fera un travail donné en 1/3 1/4 1/5 moins de temps.

Nous terminons en disant que l’élevage à l’écurie est un puissant agent de modification : le cheval de pur sang anglais, le boulonnais et le percheron en sont des exemples frappants ; mais, bien que le régime de la stabulation permanente soit tout à fait propre pour produire de bons chevaux, il serait puéril de le tenter si l’on ne possède pas les conditions qu’il exige.