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LES PUITS ARTÉSIENS DU S’AH’ARA.


Le S’ah’ara est resté et restera pendant bien des siècles l’une des plus étranges régions du globe.

Cette immensité, pour ainsi dire sans limites, cette terre où l’on retrouve à peine ce qui fait l’ornement et la vie des continents, où les grands accidents de terrain, les hautes montagnes et les larges vallées sont aussi rares que les eaux courantes et les forêts ombreuses, se montre à nous sous de tels aspects qu’on la dirait frappée d’une éternelle malédiction.

En Algérie, c’est à Lar’ouât, à Biskra, à Brizina, à Mor’ar, au pied de cette ligne de crêtes qui forment le flanc austral des dernières chaînes atlantides, que l’on se trouve en contact avec le Désert, et à peine y a-t-on jeté un regard, qu’on reconnaît aussitôt une nouvelle nature, un nouveau monde. Là seulement commence l’Afrique.

Ce qu’il faudra d’efforts et d’esprit de suite pour apporter quelques améliorations dans ce milieu si rebelle et si énergiquement réfractaire au bien ne saurait s’exprimer sans sortir bientôt de la limite des conceptions acceptables. Et, cependant, la France n’a pas reculé devant une pareille tâche ; elle s’est montrée là avec ses immortelles traditions de tout son passé, apportant après la guerre, ce qui est le complément, la paix, la sécurité et le travail, la liberté et la richesse.

En vérité, notre pauvre S’ah’ara algérien en avait bien besoin.

Jadis on y avait vu régner une grande activité,