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toujours opposées aux défauts que l’on reprochait à dona Olimpia.

Dix mois étaient écoulés depuis ce mariage, et les deux époux avaient assez doucement passé leur exil, tantôt à Viterbe ou à Caprarola, mais plus ordinairement à Frascati, dans la famille de la princesse, chez les Aldobrandini. Leur tendresse n’était point demeurée stérile, et la femme de dom Camille était enceinte de plusieurs mois. Près du jeune couple, il s’était formé à Frascati une petite cour de mécontents ; et parmi les ressources employées pour faire passer les heures de loisir, les conversations sur ce qui se passait à la cour de Rome, la satire de ceux qui la composaient et celle même des actes du gouvernement du saint-siége, n’étaient point omises par les exilés. Leurs amis en venant les voir ne manquaient pas de les instruire de ce qui se disait à Rome, ayant soin de blâmer la rigueur dont ils étaient l’objet, les exhortant au courage, et ne cessant de ranimer leurs espérances. Mais lorsque quelque événement extraordinaire, et se rattachant à leurs intérêts, provoquait plus vivement leur curiosité ; alors, impatients d’être instruits, ils prenaient leurs précautions pour avoir, loin de Frascati et hors de Rome, des entrevues avec ceux de leurs amis ou de leurs parents plus particulièrement liés à leurs intérêts.

Une occasion importante de cette nature ne tarda pas de se présenter ; ce fut la nomination des six cardinaux, au nombre desquels était le jeune Maldachini. À la réception de cette nouvelle, dom Camille et la princesse en éprouvèrent un profond dépit, et la jeune dame ne put même s’empêcher de donner aussitôt un libre cours à l’indignation que lui causa la conduite de dona Olimpia, qu’elle regarda avec raison comme l’auteur de toute cette intrigue. L’émotion et la contrariété qu’elle en éprouva furent si vives, que dom Camille, craignant que la santé de sa femme n’en souffrît, témoigna hautement le regret de ne pas avoir tenu les nouvelles de Rome secrètes. Mais la princesse fit comprendre à son mari que ce genre de précaution était loin d’être nécessaire avec elle ; qu’au contraire, elle serait plus tranquille selon qu’elle serait mieux éclairée sur les événements qui